Septembre 2017. Voilà déjà trois semaines que nous vadrouillons de long en large à travers la Bolivie, des sommets de La Paz aux plateaux du Sud-Lipez en passant par la charmante ville à l’influence coloniale de Sucre. Sans plan, sans impératif, ce voyage nous aura permis de découvrir des lieux à l’écart des principaux sentiers touristiques comme le Parc National de Toro Toro et, ce jour-là, Santa Cruz de la Sierra dans l’Est, non loin de la frontière brésilienne, aux portes de l’Amazonie. Santa Cruz n’est qu’une étape, un point de départ pour partir à la découverte des Missions Jésuites de Bolivie. Nommées aussi “Reducciones”, ces missions sont les vestiges d’établissements religieux et scolaires bâtis entre le dix-septième et le dix-huitième siècle par des missionnaires espagnols destinés à sédentariser et à évangéliser les populations ethniques de la Chiquitania avant d’être expulsés par le roi d’Espagne. Dans les années 1970-1980, les missions jésuites de Bolivie ont fait l’objet d’une réhabilitation complète par Hans Roth, architecte et jésuite, avant d’être classées par l’UNESCO au début des années 90 . Je vous emmène à la découverte de ce patrimoine culturel hors des circuits touristiques classiques.
LES MISSIONS JESUITES DE BOLIVIE
UN JOYAU A L'ECART DES ITINERAIRES CLASSIQUESIl est à peine huit heures du matin lorsque nous rejoignons le terminal de bus de Santa Cruz de la Sierra, une région située à l’extrême est de la Bolivie, à l’écart des principaux chemins touristiques. Il ne nous faut pas longtemps pour dénicher un truffi, un mini van local, qui nous permettra de rejoindre le village de San Javier. Santa Cruz fut une véritable surprise ! La ville est cosmopolite, chaleureuse, moderne, à l’opposé des autres villes découvertes précédemment en Bolivie. Mais peu à peu, tandis que le truffi s’éloigne du centre-ville, le paysage change. Les immeubles font place à de longues plaines quasi-désertiques qui se transforment peu à peu en champs où paissent quelques troupeaux. Les champs sont délimités par de longues barrières blanches et au loin, on devine des estancias. Il nous faut près de quatre heures pour gagner San Javier. San Javier est un tout petit village. Ici, les maisons et les boutiques sont alignées en rang d’oignons le long de la route principale. On déjeune dans un petit resto au bord de la route entourées de boliviens qui nous jettent des regards circonspects. Deux européennes dans ce coin-là, ce n’est pas courant.
L’église de San Javier ouvre ses portes en début d’après-midi. Et nous sommes les seules visiteuses. Le clocher extérieur est remarquable : on y grimpe même si certaines planches nous semblent prêtes à rendre l’âme. A l’intérieur, des grandes colonnes en bois sont sculptées et soutiennent la voûte de cette petite église bâtie au XVIIème siècle. Lorsque notre visite s’achève, on part à la recherche du terminal de bus afin de rejoindre Concepción. Après plusieurs minutes de recherche, on finit par demander notre chemin à quelques passants qui s’esclaffent et s’empressent de nous répondre : “Le bus ? Oh non ! Il faut en capter un sur le bas côté de la route qui va en direction de Concepción !”. Ni une, ni deux, je me mets au bord de la route en mode “Pékin Express” – ça a toujours été mon rêve de participer à cette émission. Enfin, dans une version sans caméra !
Mais au bout d’un quart d’heures, on est encore sur place au bord du désespoir – comme quoi, le stop, ce n’est pas pour moi. Là, un bus vieux comme le monde s’arrête à nos pieds. Il y fait tellement chaud que les boliviens présents à bord en descendent pour acheter des glaces aux petits vieux qui tient une boutique alimentaire à deux pas de là. Les sièges sont moites, mes cuisses collent au similicuir et le chauffeur chique de la coca sans discontinuer. L’odeur est entêtante. Au bout d’une heure, on nous dépose au bord d’une nouvelle route. Il s’agit plutôt d’une piste au milieu de Concepción. La rue principale est assez animée en fin de soirée et, comme d’habitude, on attire l’attention. Cette fois, c’est l’agent de sécurité de la banque qui vient nous taper la discut’. Ca tombe bien, on a besoin de se faire un ami : on cherche un hôtel où passer la nuit ! Surpris, il demande à d’autres passants puis nous indique une direction. On a rarement été autant à l’arrache durant un voyage au point d’avoir complètement oublié de télécharger le plan de la ville. L’hôtel se trouve à cinq minutes du centre-ville et il n’est pas trop mal. C’est-à-dire qu’on y trouve 1) une climatisation 2) des hamacs suspendus dans un jardin ombragé.
En fin de journée, on part à la découverte de Concepción, l’estomac dans les talons. Notre repas n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de “diététique” puisque j’achète une barquette de poulet frit accompagné de frites, de riz et de pâtes baignées dans du ketchup à un mec sur le bord de la route. Célia me regarde avec dégoût mais son attention est capté par un couple ménonnite, une communauté religieuse protestante anabaptiste, qui marche à quelques pas de là. Le couple est typé caucasien. L’homme porte une longue salopette en jeans et un chapeau de cow-boy. Quant à la femme, elle semble sortir d’un épisode de “La petite maison dans la prairie”. Et c’est une surprise totale de rencontrer ici, au fin fond de la Bolivie, cette communauté religieuse.
Le lendemain matin, toujours aussi perdues que la veille, on demande notre chemin aux habitants pour trouver la fameuse église de Concepción. La première personne ne nous répond pas et se contente de nous regarder. Il faut insister pour obtenir un vague “c’est encore assez loin”. Alors on se remet en marche en longeant la piste. L’église de Concepción se trouve sur une place paisible et joliment entretenus à l’écart de l’agitation. Comme l’église de San Javier, son toit et les colonnes qui supportent sa voûte sont en bois sculpté et torsadé tandis que ses murs sont ornés de motifs floraux et géométriques aux couleurs noires et orangées. Il existe quatre autres mission classées par l’UNESCO dans la région de la Chiquitania mais nous décidons de stopper là notre exploration et de poursuivre notre chemin plus au sud vers Tupiza.
J’espère que ce voyage au confin de la Bolivie à la découverte de ses missions jésuites du XVIIème siècle, entièrement reconstituées, vous aura plu. Vous trouverez sur le blog toutes les informations pour organiser un voyage en Bolivie, du trek El Choro au salar d’Uyuni.