Rencontre avec Elise, fondatrice des éditions Nanika

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Je suis une grande accro des livres papiers et, pour organiser chacun de mes voyages, les guides restent incontournables ! Mais la plupart du temps, je reste sur ma faim… Car ces guides, tels que les Lonely Planet ou Le Routard, proposent en majorité un contenu “périssable”. Et les parties dédiées au pays, à son histoire et à sa culture passent souvent au second plan. On en vient difficilement à apprivoiser le pays que l’on s’apprête à découvrir. Alors pour ce nouveau portrait de voyageurs, on part à la rencontre d’Elise, fondatrice des éditions Nanika, une jeune maison d’édition indépendante. Nanika propose des guides hybrides qui replacent l’humain au centre du voyage. A travers cette interview, Elise partage sa vision du voyage, l’histoire qui entoure la naissance des éditions Nanika, le besoin auquel la maison répond mais aussi ses projets. Très bonne lecture !

Bonjour Elise ! Je commence toujours par une « question rituelle » alors tu n’y couperas pas. Quel genre de voyageuse es-tu ?

Je suis une voyageuse lente ! Très lente. Sur une période où d’autres personnes pourraient faire dix voire quinze villes, j’en fais souvent deux ou trois. J’aime ce moment où, après avoir passé quelques semaines dans une ville, je me lève un matin et m’aperçois que j’ai recréé une petite routine, que j’ai intégré les codes du lieu (du moins en partie) et les impératifs de la vie ici, que je pense un peu différemment d’avant et que des choses qui me paraissaient complètement étranges le mois dernier me semblent aujourd’hui totalement normales ! Mais cela peut prendre du temps… Donc il ne faut jamais être trop pressée !

En 2017, tu co-fondes les Editions Nanika, une maison d’édition spécialisée dans le voyage et la production de guides hybrides qui mettent l’accent sur la découverte culturelle d’un pays. Comment l’aventure a-t-elle commencé ?

De manière complètement non-originale, cela a commencé autour d’un verre, un soir de semaine, avec la fameuse discussion du « Et si on faisait ça ? » « Carrément ! » A cette époque, j’étais éditrice dans une maison d’édition de sciences humaines mais cette idée de guides de voyages différents me trottait dans la tête. C’était un peu devenu une obsession. J’en ai parlé à Gaelle (la co-fondatrice et graphiste) qui a adoré le projet ! Puis, d’autres passionnées du voyage et des livres nous ont rejoint… Et nous voilà, quelques années plus tard avec une vraie maison d’édition et de vrais livres sur les bras !

Tu es l’auteure du premier guide paru chez Nanika « Quelque chose de Corée du Sud ». Comment s’est déroulé l’écriture de ce tout premier guide et pourquoi avoir choisi la Corée du Sud comme première destination ?

J’ai passé onze mois en Corée du Sud (voyageuse lente, je vous avais prévenu). Ca a été une expérience absolument fascinante car c’est une culture que je ne connaissais pas du tout et j’ai dû tout apprendre sur le tas ! En rentrant en France, j’ai été un peu frustrée des livres que l’on pouvait trouver sur la Corée du Sud : soit des guides de voyage classiques, soit des ouvrages pointus qui demandent déjà des connaissances avancées pour les comprendre. Je voulais un livre accessible, un livre qui parle simplement de toutes les choses que j’avais découvertes en Corée, un livre que j’aurais pu offrir à mes amis pour leur dire « voilà, c’est ça la Corée que j’ai vécu ». Alors j’ai commencé à l’écrire. Puis je me suis dis que c’était bête de ne faire ça que pour la Corée, qu’il devait y avoir d’autres personnes qui voulaient la même chose pour dire « voilà, c’est ça le Mexique que j’ai vécu » ou « voilà, c’est ça l’Afrique du Sud que j’ai vécu » ! Au final, c’est de là qu’est né Nanika. Même si la maison d’édition à un nom japonais, elle vient de Corée du Sud !

Editions Nanika guides de voyage

Editions Nanika Guide de voyage

As-tu une anecdote à nous raconter autour de la conception et du lancement de ce tout premier livre ?

Comme il s’agissait de notre tout premier livre mais aussi du premier livre de la collection « Quelque chose de », ça n’a pas été de tout repos. Il fallait tout définir : la ligne éditoriale de la maison, la charte graphique, le  concept de la collection, l’image de marque, les moyens de communication… Entre août 2017 (création de la maison) et mars 2018 (sortie du premier livre), ça a été un peu la course… Mais au final, tout s’est passé sans problème !

J’avais le manuscrit prêt, toute l’équipe s’est donné à fond, l’illustratrice (Fanny Liger) a été incroyable et a fait les illustrations en un temps record. Et de fil en aiguille, le 08 mars, nous nous retrouvions à lancer le Quelque chose de Corée du Sud au concept store Besides Kimchi avec bar à bibimbap, soju et présentation de hanboks !

Aujourd’hui, tu occupes la casquette d’éditrice pour les Editions Nanika. C’est quoi une journée type pour toi ?

Heureusement (ou malheureusement pour certaines personnes, je suppose), je n’ai pas tellement de journée type ! Le plus souvent, je m’occupe de l’éditorial le matin : lire les nouvelles parties des auteurs, les retravailler, faire des corrections, vérifier les sommaires, envoyer les briefs graphiques aux illustrateurs… Puis l’après-midi, je passe en mode gestion et juridique : mettre à jour les plannings, synchroniser les différents membres de l’équipe, la diffusion et l’imprimeur, rédiger les contrats, prospecter de nouveaux auteurs, faire les factures (oui, on oublie souvent que c’est aussi une partie du métier d’éditrice !) Mais voilà qu’arrive une urgence, un nouveau projet à faire passer en priorité ou un rendez-vous important et ce planning est vite chamboulé ! Il faut savoir faire avec les aléas (ou les bonnes surprises) et être réactif !

Quelles sont les difficultés que tu as rencontré en créant ta maison d’éditions ?

Tous les membres de l’équipe Nanika viennent du monde de l’édition, donc on savait déjà toutes à peu près clairement ce que nous devions faire et comment le faire. Passée la paperasse administrative du début, tout a découlé assez naturellement.

Après, les difficultés que l’on a rencontrées sont inhérentes au monde de l’édition, ce sont les mêmes pour toutes les petites maisons indépendantes : comment trouver un distributeur, comment convaincre les libraires que nous sommes sérieux, comment se démarquer sur le marché cible, comment être stable financièrement… Cela demande une bonne dose de motivation (et beaucoup d’organisation !)

Editions Nanika guides de voyage

Le 13 Septembre sort le troisième ouvrage des Editions Nanika « Quelque chose du Mexique ». Après plus d’un an d’aventure, d’un point de vue personnel, y a-t-il un apprentissage que tu aimerais partager ?

Pour le coup, s’il n’y avait pas d’anecdote sur Quelque chose de Corée du Sud, autant vous dire que pour Quelque chose du Mexique cela a été radicalement différent… Rien ne s’est passé comme prévu ! Le texte était (très) en retard, la première illustratrice pressentie nous a fait faux bond, l’impression s’est mal passée, la diffusion a été un peu chaotique et j’en passe… Un vrai parcours du combattant ! Mais au final, le livre est sorti, il est beau et rencontre déjà de nombreux lecteurs.

Tout ça pour dire, donc, qu’il faut parfois savoir prendre du recul et se rendre compte que cette chose qui parait extrêmement grave et tragique à un moment T, ne l’est pas tant que ça. Oui, c’est un problème mais comme tout problème, il a une solution. Cela ne sert à rien de paniquer, ce n’est pas grave en soi. Quand ce genre de pépin arrive, je me (re)dis souvent qu’au moins j’ai la chance de faire un métier dans lequel si je commets une erreur ou si un imprévu survient, personne ne meurt ! Si le livre sort en retard, oui c’est un peu embêtant, mais il n’y a pas mort d’homme.

Qu’est-ce qui t’inspire aujourd’hui ?

Depuis le début de Nanika, j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer des tas de nouvelles personnes passionnées par le « voyage » (je mets des guillemets car dans certains cas il s’agit plus d’une « vie ailleurs » que de voyage mais bon…) : du bénévole en service civique en Côte d’Ivoire au réalisateur de documentaires parti faire sa vie au Népal en passant par la backpackeuse qui a vadrouillé dans tout le Campeche pendant un mois ou la passionnée d’Allemagne qui ne rêve que d’y retourner ! Je découvre des parcours de vie, des façons de pensée, des anecdotes sur des pays dont je ne connais rien, des bribes de culture et de traditions du bout du monde… Et c’est ce qui m’inspire le plus aujourd’hui. Je me rends compte que nous sommes nombreux à partager cette vision d’un « voyage » humain, d’un voyage où l’on part pour se prendre une claque culturelle pas pour faire des photos Instagram. Nous ne sommes pas ceux qui faisons le plus de bruit sur les réseaux pour l’instant mais j’espère que cela va rapidement changer !

Une dernière question pour la fin… Quels sont tes prochains projets avec et sans les Editions Nanika ?

Avec Nanika, on continue évidemment la collection « Quelque chose de » : Quelque chose de Tunisie sortira en novembre puis on travaille sur Quelque chose de Nouvelle-Zélande et Quelque chose de Bali pour le début d’année prochaine. 2019 sera aussi certainement l’année d’une nouvelle collection mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. On veut garder l’effet de surprise !

De mon côté, je repars à Séoul pour quelques mois. Entendre tous ces récits de voyageurs amoureux de leurs pays de coeur m’a donné envie de revoir Séoul, de remanger des tteokbokkis, de ressentir le froid glacial de l’hiver et de me réchauffer dans un pogjanmacha ! Mes projets, hors éditions Nanika, se tournent donc naturellement vers ce pays et sa culture : il y aura beaucoup d’écriture, un peu de prise de sons, de l’organisation d’événements et une bonne dose d’humour ! Mais ici aussi, je préfère ne pas en dire plus pour conserver la surprise !

Editions Nanika guides de voyage

Editions Nanika guides de voyage

Merci Elise de t’être prêtée au jeu de l’interview ! Vous pouvez dès à présent découvrir ou redécouvrir les guides des éditions Nanika sur leur site internet mais aussi sur Facebook, Twitter et InstagramVous retrouverez également sur le blog d’autres portraits inspirants de voyageuses comme Clémentine, gabier sur une frégate du XVIIIème siècle ou Aurélie et son tour de l’Islande à vélo en solo.

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